La gare actuelle est la 3ème gare Montparnasse. La première s’appelait gare de l’Ouest, construite en 1840, elle était située sur l’emplacement actuel de la tour Montparnasse.
Ancienne gare
Le trafic s’intensifiant, une seconde gare plus grande fut construite en 1852, exactement à la même place. Elle était formée d’un portique en arcade, surmonté de deux nefs vitrées, entre deux pavillons. Elle a été construite par Victor Lenoir, sous la direction de l’ingénieur Baude.
Cette gare desservait l’Ouest Bretagne et Normandie. Tous les trains passaient par Versailles rive-gauche. En quittant la gare, les trains traversaient sur un viaduc haut de 65m, la Chaussée du Maine et les boulevards de Montrouge, puis après deux kilomètres environ, rejoignaient la station d’ouest-ceinture qui raccordait la ligne de l’ouest avec le chemin de fer de ceinture de Paris.
La Bretagne » débarque » à Paris : les noms des rues, des cafés et brasseries témoignent de cette implantation. C’est là aussi que débarqua en 1868 un Breton tenace et inventif, né à Uzel, ingénieur des Ponts et Chaussées, nommé Fulgence Bienvenüe. Il est considéré comme le père du métro parisien. Son projet de transport urbain avait été retenu et l’immense chantier lui fut donc confié. Au travail dés 5 heures du matin, il réussit à mettre en relation par la ligne 12, les deux quartiers les plus chauds de Paris : Montmartre et Montparnasse.
L’accident
Le 22 octobre 1895, eut lieu un accident hors du commun. Le Granville – Paris composé de douze wagons et qui transportait 131 passagers approchait de la gare Montparnasse. Deux fourgons à bagages et un fourgon postal étaient couplés à la locomotive.
Cette locomotive était conduite par un cheminot d’expérience Guillaume-Marie Pellerin qui travaillait depuis 19 ans aux chemins de fer. Le train étant parti un peu en retard, il souhaitait arriver à l’heure à Montparnasse et de ce fait n’a pas ralenti suffisamment tôt. Le chef de train Albert Mariette et lui, se sont bien rendu compte de cela, mais il était trop tard : Mariette a bien essayé d’actionner le frein d’urgence Westinghouse, il n’a pas fonctionné.
Il ne restait que les freins de la locomotive, ce n’était pas suffisant : la vitesse et le poids du train font que le convoi écrase les heurtoirs, traverse la gare, la terrasse, défonce le mur de façade et tombe sur la station de tramways située 10m en contrebas. La composition du train a fait que tous les wagons de voyageurs sont restés dans la gare.
Il y eut seulement cinq blessés graves parmi les passagers du train : deux voyageurs, un pompier et les deux employés des chemins de fer.
Malheureusement, la locomotive tomba près d’un kiosque à journaux installé devant la gare, rue de Rennes : une passante fut blessée et Marie-Augustine Aguilard qui ce jour là remplaçait son mari au kiosque, fut tuée par un morceau de maçonnerie tombé de la gare.
La Société des Chemins de fer a payé son enterrement et versé une rente à ses deux enfants. Le conducteur Pellerin a été condamné à deux mois d’emprisonnement et 50 francs d’amende. Le chef de train Mariette à 25 francs d’amende.
La nouvelle gare
Dès 1934, la SNCF constatait que la » vielle gare » ne répondait plus aux besoins du trafic. Dans les années 60 une restructuration totale du secteur a été décidée. Une nouvelle gare a été construite Place Raoul Dautry et le secteur entier a été frappé par une opération d’urbanisme de grande envergure : des rues vont disparaître comme les rue Moulin de beurre, Perceval, de Médéah, une partie de la rue Vercingétorix.
Trois bâtiments modernes entourent cette gare, 1000 appartements, le siège social d’Air France, les voies ont été recouvertes par une dalle-jardin, « les jardins de l’atlantique » créés par les paysagistes Brun et Péna. On y accède par des ascenseurs, et on découvre une grande pelouse carrée symbolisant l’océan, décorée d’une sculpture monumentale : l’île des Hespérides.
Une multitude de jets d’eau, des arbres de variétés différentes, un grand miroir reflète la lumière : tout ici est prouesse technique car l’ensemble ne repose que sur des dalles de béton en » équilibre » au dessus des voies !
Le hall de ce grand ensemble est décoré de compositions de Vasarely. La destruction de la vielle gare a libéré un terrain sur lequel devait s’ériger le phare du nouvel urbanisme : la Tour Montparnasse.
Source: L’histoire en ligne